Rue des mûriers, Bruxelles Mes Grands-parents 2007 - 2010 Certains mots m’ont été confiés, je suis née avec. Ils font partis de mes muscles, ceux-là même qui me permettent de marcher. Mes grands-parents m’aident à marcher tous les jours, à marcher en vie loin d‘eux. Il n’y a ni début ni fin, là n’est pas la force. C’est ce qu’il y a tout autour, sans cesse entre les choses entre les mots, ces espaces aussi vides que pleins qui relient. L’inconscience nous permet de sauter et j’ai tant sautillé devant eux à chaque découverte lovée dans leurs mains. Une heure vient où la conscience tonne, l’os se brise. Là seulement commence la marche. Une marche terrifiante et fabuleuse à la fois. Le monde se tord et se dore, il s’approfondit à nos yeux, se ramifie étrangement, épaissit ses mémoires, nous agenouille devant un rien, un rien moiré, un rien pépite. Lorsqu’on se relève, on est parent. Le goût du sel conserve notre langue. Mais on ne sait toujours rien. On sait juste que cela brille. |
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La Cambre 2011 - 2014 Imminence. Tout se déroule comme une prose. Une prose qui refuse de s′essouffler, terrifiée du point final qui la sabrera. Enregistrer compulsivement, chercher à ralentir, à faire retentir, le maximum de choses, jusqu′aux détails les plus infimes. Et avoir ce doute, que seul l′espace de notre mémoire, voué aussi à sa fin, se fait lambeaux, parcellairement imprégné de ce qui a été ... autrement. Aucune chose n'est saisissable d′un seul trait, exprimable d′un seul mot, d′un seul fragment. Délié, mouvant, émouvant. Je demande à ma grand-mère : - "Comment vas-tu ?" - "Je navigue à vue ... sur une vaste mer plate." |
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Ailleurs 2015 - ... Grand-père est parti en multiples poussières un jour d'avril. Tu a vu, il embrasse les vents, il est peut-être aux quatre coins du monde aujourd'hui. Grany, ma Grany, toi tu es là, seulement tout le sel de la vie s'est dérobé à tes pieds. C'est vrai, entendre, se souvenir, à quoi bon. Tu ne sors plus. Et dehors il n'y a personne. "Le temps est un grand professeur mais malheureusement il tue ses élèves." [Hector Berlioz] |
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