// 06.2015
Carte 292 - Le Gouffre. Padirac, Editions Vertuel
// 06.2015
// 06.2015
A contrecoeur, Will se tourna vers le couteau et le prit. Il s'agissait d'un poignard d'aspect banal, avec une lame à double tranchant (…) Ce côté-ci, déclara Giacomo Paradi, en frôlant la lame avec le manche d'une cuillère, peut couper n'importe quel matériau existant. (...) L'autre côté de la lame, reprit le vieil homme, possède des pouvoirs plus subtils. Grâce à lui, tu peux même découper une ouverture dans ce monde. (...) Tu cherches une ouverture, si minuscule que tu ne peux pas la voir à l'oeil nu, mais la pointe du couteau saura la trouver, si tu l'accompagnes avec ton esprit. Sonde le vide, tâtonne dans l'air, jusqu'à ce que tu sentes cette infime déchirure dans le monde...
Philip Pullman, A la Croisée des Mondes, 1997
// 06.2015
// 05.2015
// 05.2015
// 05.2015
// 05.2015
// 05.2015
// 05.2015
Au-dessus des ailes de poulet fumantes, il y a un petit carton avec une phrase écrite à la main dessus: "La vie, c'est ce qui vous arrive pendant que vous réviez de faire autre chose". L’écriteau tout taché se balance lentement dans la lumière orange des rampes chauffantes. Une musique de fond apocalyptique geint dans les haut-parleurs bien cachés. Un petit gars tout anémique est embusqué derrière le comptoir, sa casquette enfoncée sur le crâne et deux grandes oreilles rosées pointant sur les côtés, chacune autant chargée d’anneaux qu’une tringle à rideaux. On dirait qu’ils ont été fixés dans la chair avec l’un de ces poinçons dont on se sert pour marquer le bétail…
Sam Shepard, A mi-chemin, 2002
// Les mûriers
Trois saisons,
Les mûriers.
A voir dans "Projects"
// 05.2015
// 05.2015
// 05.2015
// 04.2015
On ne ressuscite pas les vies échouées en archive. Ce n’est pas une raison pour les faire mourir une deuxième fois. L’espace est étroit pour élaborer un récit qui ne les annule ni ne les dissolve, qui les garde disponibles à ce qu’un jour, et ailleurs, une autre narration soit faite de leur énigmatique présence.
Arlette Farge, Le Goût de l’archive, 1989
// 04.2015
J’ai ces "chutes" qu’un film laisse derrière lui comme des queues de comète. J’ai ramené de chaque pays visité des cartes postales, des coupures de journaux, des catalogues, quelquefois des affiches arrachées aux murs. Mon idée a été de m’immerger dans ce maelstrom d’images pour en établir la Géographie.
Mon hypothèse de travail était que toute mémoire un peu longue est plus structurée qu’il ne semble. Que des photos prises apparemment par hasard, des cartes postales choisies selon l’humeur du moment, à partir d’une certaine quantité commencent à dessiner un itinéraire, à cartographier le pays imaginaire qui s’étend au dedans de nous. En le parcourant systématiquement j’étais sûr de découvrir que l’apparent désordre de mon imagerie cachait un plan, comme dans les histoires de pirates. Et l’objet de ce disque serait de présenter la "visite guidée" d’une mémoire, en même temps que de proposer au visiteur sa propre navigation aléatoire. Bienvenue donc dans "Mémoire, terre de contrastes" - ou plutôt, comme j’ai choisi de l’appeler, Immémoire : Immemory.
Chris Marker, 1997
// 04.2015
C. and me, Family album, 1989
// 04.2015
C. and me, Family album, 1989
// 04.2015
Both meanings of «Quarry» have to do with going after something. An animal being hunted is called quarry, and when you dig a hole in the earth looking for rocks, both the digging and the hole are called quarry as well.
Quarry derives from the latin cor "heart" because hunters used to drape the entrails of their chosen quarry on their dogs' backs. The origin in a word for "heart" can help you remember both quarries : a rock quarry is searching down toward the heart of the earth; a stag's heart is considered a hunter's greatest prize.
// 04.2015
C. and me, Family album, 1989
C. and me, Family album, 1989
// 03.2015
// 03.2015
Clinamen - klaɪˈneɪmən, plural clinamina, derived from clīnāre, to incline - is the Latin name Lucretius gave to the unpredictable swerve of atoms which occurs at no fixed place or time.
When atoms move straight down through the void by their own weight, they deflect a bit in space at a quite uncertain time and in uncertain places, just enough that you could say that their motion has changed. But if they were not in the habit of swerving, they would all fall straight down through the depths of the void, like drops of rain, and no collision would occur, nor would any blow be produced among the atoms. In that case, nature would never have produced anything. This indeterminacy provides the free will which living things throughout the world have.
// 03.2015
// 03.2015
// 03.2015
Dans leur jeunesse, la vie était encore devant eux comme un matin inépuisable, de toutes parts débordante de possibilités et de vide, et à midi déjà voici quelque chose devant vous qui est en droit d'être désormais votre vie, et c'est aussi surprenant que le jour où un homme est assis là tout à coup, avec qui l'on a correspondu pendant vingt ans sans le connaître, et qu'on s'était figuré tout différent.
Robert Musil, L'Homme sans qualités, 1930-1932
// 03.2015
// 03.2015
// 03.2015
// 03.2015
What Adams achieves is a poetry of depredation. In an era of landscape color, the black and white strikes a memorial note, and a curious mournfulness pervades scenes of an otherwise humdrum brutality. It’s not that Adams appears to think tenderly of these undeserving views, but that in capturing them as moments of lonely experience he projects them back into a nineteenth-century landscape tradition and perceives their horizons as seemingly deserted now as they were then. A weariness of view fuses with the freshness of radiant seeing, as if Robert Frank’s vision of a fifties America had blended with the imagery of Carleton Waktins’s post-Civil War Yosemite. Adams shows withered eucalyptus trees, abandoned orange groves, and bulldozed, broken stretches of earth. Having earned his attention, they stay in mind as naturalized forms, lost to a process symbolized by the road or developers’ trails.
Max Kozloff, Ghastly News from Epic Landscapes, Jeu de Paume, April 2014
// 03.2015
// 03.2015
Ainsi est-on ramené à l'idée de l'observation pure et simple, qui n'a trouvé d'abord à s'exercer que sur les spectacles du ciel, parce que l'homme n'y peut rien changer. C'est là que l'homme a appris à former par méditation et interrogation muette l'idée même de la chose. Non sans volonté, non sans obstination, non sans un sentiment juste, c'est que la chose n'y pouvait rien de plus, et que la vérité de la chose était entièrement à faire, et par décret. Celui qui inventa la sphère céleste, le pôle et le méridien ne changea rien dans le monde mais il en fit déjà apparaître l'ordre et les lois. Serviteur en un sens, dompteur en un sens. Tel est le double mouvement de Thalès immobile.
Emile Chartier, Eléments de philosophie, 1916
// 03.2015
// Hirundo
Mon nouveau travail photographique Hirundo
est à découvrir dans la section PROJETS.
// 02.2015
Sans savoir pourquoi
J'aime ce monde
Où nous venons pour mourir
Natsume Sôseki
// 01.2015
What makes bodies different is how they inhabit space: space is not a container for the body; it does not contain the body as if the body were ‘in it.’ Rather bodies are submerged, such that they become the space they inhabit; in taking up space, bodies move through space and are affected by the ‘where’ of that movement. It is through this movement that the surface of spaces as well as bodies takes shape.
Sara Ahmed, Queer Phenomenology: Orientations, Objects, Others
// 01.2015
The river is negative time,
always undoing itself,
Always behind where it once had been.
Memory’s like that,
Current too deep, current too shallow,
Erasing and reinventing itself while the world
Stands still beside it just so,
not too short, not too tall.
Charles Wright, “3,” Littlefoot: A Poem, 2007
// 01.2015
... jusqu'à ce qu'à travers les troncs il aperçoive de nouveau la lumière non plus déchiquetée, tachetée, bigarrée, mais unie, homogène, comme si les arbres butaient soudainement, s'arrêtaient comme une sorte de mur qui, de l'intérieur de la forêt où il se trouve encore, lui apparaît comme une concrétion de soleil.
Claude Simon, L'Acacia, 2004
// 01.2015
// 01.2015
// 01.2015
Créer des situations, proposer des durées où le paysage pourrait être l’irruption du temps dans l’espace, voir le temps traverser l’espace.
Michael Jakob, Le paysage, 2008
// 01.2015
... prêtant l'oreille, attendant que le cri du coucou lui parvienne de nouveau, puis écoutant refluer ce silence maintenant peuplé d'une vaste rumeur : non pas celle de la guerre... non pas le bruissement des rameaux mollement balancés ou le faible chuintement de la brise dans la voûte des feuillages, mais plus secrète, plus vaste, l'entourant de tous côtés, continue indifférente, l'invisible et triomphale poussée de la sève, l'imperceptible et lent dépliement dans la lumière des bourgeons, des corolles, des feuilles aux pliures compliquées s'ouvrant, se défroissant, s'épanouissant, palpitant, fragiles, invicibles et vert tendre.
Claude Simon, L'Acacia, 2004
// 01.2015
// 01.2015
Il voulait se noyer ; seulement son chien, qui courait dernière lui, le rapportait toujours.
Lichtenberg, 1997
// 01.2015
Ne s’intéresser qu’à de minuscules parts d’ombres
Et qui stimulent, qui induisent, qui remplissent tant
Que le reste en pâlit
Alain Janssens, Nulle part et partout, 2014
// 01.2015
// 01.2015
// 01.2015
Certaines chambres sont pareilles au lit d’une rivière : on y flotte dans un courant, qui garde longtemps les
rêves en suspension avant de les emporter en nous lavant du sommeil.
Bernard Noël, Une étoile en tête, 2004
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